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Devenir syndic de ma copro? une vraie « fausse bonne idée »

Devenir syndic de ma copro? une vraie « fausse bonne idée »

De nouvelles plateformes digitales font leur entrée sur le marché de la gestion de copropriété… souhaitant « dépoussiérer » le métier de syndic, le rendre plus simple, à la portée de tous… le tout à moindre coût.
Mais que valent ces solutions ? Parfois le prix d’une belle utopie et toujours un maximum de pression ! #ChargeMentaleJour&Nuit

En effet, « syndic » est un métier complexe et réglementé nécessitant des compétences techniques et juridiques garanties par de la formation continue obligatoire, ainsi que des qualités humaines et une agilité à toute épreuve.

Et tout cela ne s’improvise pas ! Découvrez l’histoire de Pierre qui « craque un peu »...

LETTRE À MES (CHERS ?) VOISINS

Chers voisins, chères voisines, membres du conseil syndical de notre belle résidence,

Je vous informe par la présente de mon retrait de la présidence de notre syndicat coopératif à la prochaine assemblée générale.

C’est avec beaucoup de bonne volonté que j’ai essayé de vous accompagner au quotidien dans cette quête d’idéal auquel nous avons tous cru !
Nous n’avons pas tous le même appartement ni la même vue sur parc, mais nous partageons, c’est vrai, le même rêve : une vie en collectivité douce et sans heurts, un habitat propre et bien entretenu, et bien sûr des frais de gestion réduits au minimum !

Quelle bonne idée cela nous a semblé de résilier le contrat avec notre syndic pour se fédérer en syndicat coopératif et gérer les petits tracas nous-mêmes. Changer une ampoule, prévenir d’une fuite, manager le concierge, c’était à la portée de tout un chacun. Surtout avec ces nouvelles plateformes simples comme bonjour.
De plus, il y avait à la clé un moyen de réaliser de belles économies…

Mais je n’avais sans doute pas mesuré ce que cela allait me demander en temps et en énergie. Et j’ai aujourd’hui le sentiment que nous avons peut-être été un peu vite en besogne. Sans vouloir jeter la pierre à qui que ce soit, car nous sommes tous pris par notre quotidien, la gestion des rendez-vous et les relances incessantes m’ont usé et ont trop monopolisé les lignes de mon agenda.

J’entends par là que si Sophie du 3e pouvait se décider à régler au plus vite son appel de fonds, cela m’aiderait à payer le plombier qui doit venir réparer la fuite du 5e. Oui, cette fuite qui dégrade depuis trois mois la façade Nord de Madame Henri.

Concernant Madame Richard, par ailleurs, il avait été convenu de lui adresser un courrier concernant son chien qui aboie toute la journée. J’en profite pour redemander si quelqu’un peut s’en occuper car je suis continuellement relancé par ceux qui télétravaillent difficilement à cause de ce bruit de fond. Sachez à ce propos que j’ai contacté le conseiller de la plateforme à laquelle nous avons souscrit. Réponse : « Cela ne rentre pas dans notre champ d’intervention… ».

Sur un autre sujet, je suis au regret de vous annoncer que nous allons devoir encore reporter le rendez-vous avec l’organisme qui doit nous conseiller sur l’amélioration obligatoire de la performance énergétique de l’immeuble. Hélas, notre voisin Monsieur Durand qui s’est chargé du dossier s’est absenté pour 3 semaines de vacances… Je ne vous cache pas mon impatience à ce sujet car si nous ne nous en occupons pas vite, certains pourraient voir leur logement considéré comme indécent !

Serait-il bien raisonnable d’avoir renvoyé, entre autres pour raison économique, notre ancien syndic qui gérait l’accompagnement à la rénovation énergétique, pour se retrouver avec une moins-value de nos biens ?

D’autre part, y aurait-il parmi nous un juriste pour m’aider à comprendre les retours de notre avocat sur le litige du calcul des millièmes ?
Et quelqu’un qui maîtrise bien la compta en vue de la présentation des comptes de la prochaine assemblée ?

J’avoue que tout cela a pris trop de place dans ma vie et notamment sur mon temps personnel. J’étais d’accord pour rendre service, mais assumer seul et sans formation le travail d’un syndic me paraît, à la réflexion, trop ambitieux. C’est un vrai job et je crains de ne pas être au niveau.

Chers voisins, sincèrement, et parce qu’il me tient à cœur de maintenir nos bonnes relations, je souhaiterais comme indiqué en introduction vous remettre ma démission de la présidence de notre syndicat à la prochaine assemblée.

Je dois dire que je préférais largement organiser nos sympathiques apéros de voisins plutôt que tous ces sujets de copropriété !

À moins qu’il y ait un candidat à ma succession, je suggère que nous refassions appel à de vrais professionnels et que nous recontactions peut-être notre ancien syndic.
Je réalise aujourd’hui tout ce qu’il gérait et dire que c’est un vrai métier n’est pas un vain mot.


Pierre,
Votre aimable voisin
Ex-Président du syndicat des voisins